Ce soir là, la fraîcheur est tombée précipitamment en même temps que le mur de sable s'est approché. Le chef ayant vu venir la tempête, a fait monter la tente des cérémonies en contrebas d'une grande dune. La tente qui sert habituellement de cantine a été accolée pour abriter les bêtes et les chargements. Ce soir, tous les hommes sont sous le chapiteau de fête bien que l'ambiance n'y soit pas vraiment.

Le vent hurle depuis des heures, et le sable ne cesse pas de fouetter les toiles. Aucun feu n'a été allumé : pour que l'air reste respirable, toutes les ouvertures possibles sont condamnées. Comme il est difficile de trouver le sommeil, les hommes se rassemblent autour des lampes à huile. Il n'y a pas de garde ce soir, seulement un homme qui de temps à autres, se glisse sous les toiles, pour s'assurer que les bêtes restent calmes.

Quelques narghileh sont allumés et apportent un peu de convivialité. Les tensions s'amenuisent tandis que les hommes se remémorent un acte héroïque, un coup de chance ou une histoire salace. Ils abordent rarement des "questions du monde" et ne font pas de politique ici ; ils savent très bien que si le monde était à refaire, le désert en serait banni. Aucun état, aucune loi, aucune règle n'a de prise dans le désert. Il reste immuable.

Aussi lorsque les divers sujets de conversation semblent s'épuiser, la voix du conteur s'élève, captivant l'attention de toute l'assemblée...